La Bible est-elle antiféministe ? (5) - Albert Hari

Publié le 29 Septembre 2012

Nous relisons ces textes aujourd'hui

 

Nous vivons un seuil inédit  de l’histoire de l’Humanité

 

Jusqu’en 2011 aucun être humain n’a eu sept milliards de contemporains.   Que de données nouvelles par rapports aux temps bibliques ! Citons par exemple : la mondialisation effective avec ses avantages et ses dangers, la rapidité des déplacements, la circulation instantanée de l’information à travers la Planète, l’approche scientifique des réalités (de l’infiniment petit à l’infiniment grand), l’avalanche des découvertes scientifiques ; mais aussi les mécanismes engendrant la pauvreté, le défi écologique et la prise de conscience d’une responsabilité face à l’avenir de la Planète et de l’Humanité, la  non nécessité d’une religion avec la liberté de croire ou non, mais une quête de sens renaissante ; un dialogue interreligieux qui se cherche, mais aussi un clivage à l’intérieur de nombreuses religions entre le repli sur soi et l’ouverture...

 

Avancées et reculs de la situation des femmes  

 

Après le longues périodes de quasi silence et le temps des affirmations surtout individuelles (religieuses, reines...), les femmes commencent à s’affirmer collectivement. Les 5-6 octobre 1789, certaines marchent sur Versailles et ramènent la famille royale à

Paris. Deux ans plus tard, le 28 octobre 1791, Olympe de Gouges présente à la Convention la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. Mais c’est surtout au 19ème et au début du 20ème siècle que, malgré de nombreuses résistances, le féminisme naît en Occident : création d’associations et de journaux, revendications du droit de vote, accès à l’enseignement, à la gestion libre de son argent, aux responsabilités et au savoir.

 

. Le 10 décembre 1948 la Déclarationuniverselle des Droits  de  l’Homme   affirme  au  niveau   mondial l'abolition    des   discriminations.   Cette    Déclaration

s’adresse à chaque être humain « sans distinction aucune de race, de couleur, de sexe, de langue, de religions d’opinion politique ou de toute autre opinion... » (article 2)

 

. En 1981, une Convention des Nations Unies pour l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes est ratifiée par de nombreux États (à l’exception d’environ d’une douzaine).  Cependant les États sont souvent loin d’honorer leur ratification. 

De nombreuses situations « esclavagistes » existent encore, prolifèrent et renaissent à travers le monde. Elles concernent, entre autres, la violence domestique, l’enseignement, la maternité, les rituels et les mutilations, la santé, la mortalité, l’analphabétisme  (près des deux tiers des analphabètes dans le monde sont des femmes), la propriété (les femmes possèdent 1% des terres dans le monde)... [1]

 

. En février 2012 un printemps féministe commence en Arabie saoudite. Cette campagne appelée « Mon droit à la dignité »  attaque les interdictions faites aux femmes de conduire ou de travailler, d’ étudier, de voyager, de se marier ou de subir une intervention chirurgicale sans l’autorisation d’un homme.

 

Le Vatican ne pèche par excès de féminisme

 

À la première rencontre des religions pour la Paix, organisée par Jean Paul II à Assise en 1983, aucune femme n’était présente ! Aujourd’hui,  il est de notoriété publique que la situation de la femme dans l’Église catholique est une  question irritante pour les autorités vaticanes. Un des points critiques est  l’ordination des femmes.  Il est vrai que s’il s’agit d’ordonner des femmes qui reproduiraient les anciens modèles sacerdotaux il vaut mieux s’abstenir. Les femmes méritent mieux.

En 1994, Jean Paul II, dans la Lettre apostolique  Ordinatio sacerdotalis déclare que l’ordination est exclusivement réservée aux hommes et que la question est définitivement close. Faudra-t-il attendre quatre siècles pour voir la réhabilitations des femmes comme on a vu celle de Galilée ? Dans l’encyclique Dieu est Amour de Noël 2006, au § 40 Benoît XVI évoque douze figures de saints « qui ont exercé de manière exemplaire la charité ».  Parmi eux, nous trouvons deux femmes. C’est déjà un progrès... un léger progrès. Le paragraphe suivant (2 pages) s’attarde longuement sur Marie... J’aimerais savoir ce qu’elle en pense.

 

Si on demandait aujourd’hui à saint Paul de réécrire ses épîtres pour l’Humanité d’aujourd’hui peut être écrirait-il : « Que les femmes prennent toute leur place dans l’action et l’organisation de la communauté humaine depuis la base jusqu’aux plus hautes responsabilités, et surtout dans les Églises qui, comme moi, se réfèrent à Jésus-Christ. Ainsi se réaliserait  la mission que Dieu a confiée dès les origines aux hommes et aux femmes créés ensemble à son image et chargés ensemble d’organiser la vie sur la terre et de la servir pour le bien de toutes et de tous. » 

 

En hébreu, le mot Ruah « vent » ou « Esprit » est du genre féminin. Cet Esprit est-il toujours agissant dans le Monde et dans les Églises qui se revendiquent de lui ?  Aurait-il pris son année sabbatique ? Ou bien sommes nous devenus aveugles et sourds ? Il reste tant et tant à faire...

 



[1] Voir Découvrir....p. 12-

Rédigé par jonasalsace

Publié dans #@femmes

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article