Élargir les missions du sacerdoce baptismal

Publié le 11 Septembre 2018

Au mois d’août, un vendredi après-midi, je fus appelé au téléphone par des paroissiens de la localité voisine, qui me demandaient si je pouvais assurer la célébration d’un mariage le lendemain dans leur église, pour remplacer leur curé, admis inopinément à l’hôpital. Je suis un enseignant retraité de la Faculté de théologie, mais je continue à assurer le service paroissial dans un petit village. Je répondis positivement à la demande qui m’était faite, quitte à bouleverser le programme que j’avais prévu. Je ne voulais pas laisser plus longtemps dans l’incertitude ces paroissiens dévoués, qui avaient déjà sollicité sans succès plusieurs autres confrères. Je ne voulais pas davantage priver de leur célébration ce jeune couple, que je ne connaissais pas, et qui avait tout préparé pour ce jour.

Le dimanche suivant, dans l’après-midi, je fus appelé à célébrer l’onction des malades pour une mourante, dans l’hôpital d’une autre localité voisine. La personne chargée de l’aumônerie avait sollicité plusieurs autres confrères, mais ils étaient tous absents, participant à l’installation d’un des leurs, nommé curé dans une autre paroisse. Je ne connaissais pas la malade en détresse, ni les membres de sa famille réunis près d’elle.

Telles sont actuellement les urgences pastorales dans notre Église paralysée dans sa gestion des ministères. Qu’en sera-t-il dans dix et vingt ans, lorsque le nombre de prêtres disponibles sera encore plus réduit ? Pourtant l’épiscopat français admet que des laïcs assurent la célébration des funérailles. Il tolère aussi que des laïcs animent des célébrations dominicales de la Parole, à condition qu’ils vénèrent le siège du prêtre en évitant d’y prendre place et qu’ils ne distribuent pas la communion, malgré les instructions du Rituel de l’eucharistie en dehors de la messe, document romain traduit et réédité en France en 1996.

Puisque ledit « sacerdoce ministériel » n’est plus capable d’assurer toutes les missions que la hiérarchie lui réserve, que le sacerdoce des baptisés prenne donc la relève ! Pour l’onction des malades, la demande en est faite depuis des années, mais cette mission est même refusée aux diacres. La situation devient pastoralement aberrante. En effet, comme dans le cas évoqué plus haut, les équipes d’aumônerie, proches des malades, sont obligées d’appeler des prêtres extérieurs, souvent après plusieurs échecs au téléphone, et donc des prêtres qui ne connaissent pas le malade et qui, de ce fait, se trouvent presque dans la situation du « mercenaire » par rapport au Bon Pasteur (Jn 10,12). Or pendant le premier millénaire en Occident les fidèles emportaient chez eux l’huile des malades bénie par l’évêque et pratiquaient eux-mêmes les onctions, comme les disciples (Mc 6,13 ; Jc 5,14) et comme le bon Samaritain (Lc 10,34), voire avec imposition des mains (Mc 16,18). Cette mainmise des prêtres sur l’onction des malades est bel et bien un effet du cléricalisme qui s’est propagé dans l’Église latine au cours du deuxième millénaire, clairement signifié dans l’actuel droit canonique (can. 1003, § 1) : « Tout prêtre, et seul le prêtre administre validement l’onction des malades ». Mais en quoi consiste ici la validité d’un geste signifiant la tendresse divine ?

Quant au mariage, selon le droit canonique (can. 1112) et le rituel romain de 1991 (n° 118-151) des laïcs peuvent être délégués pour présider la célébration (ils sont qualifiés par le terme de assistens dans le rituel). Mais il faut au préalable un avis favorable de la Conférence épiscopale et l’autorisation du Saint-Siège. Or l’urgence est là. Qu’on fasse donc comme pour les funérailles, en mettant en place des équipes paroissiales pour assurer ces ministères.

En conclusion, deux perles. 1. Le quotidien La Croix du 9 mars 2018 (p. 15) avait informé sur l’hospitalisation de l’évêque de Soissons pour une pneumonie, en signalant que l’équipe d’aumônerie d’hôpital lui apportait la communion chaque jour. Je suppose que c’était selon le Rituel de l’eucharistie en dehors de la messe, avec une liturgie de la Parole. Pour un évêque, la communion ne pose pas de problème, sans doute parce qu’il ne risque pas de confondre cette célébration avec une messe !

2. Dans le catéchisme des JMJ, le Youcat, figure en marge de la p. 124, cette parole du curé d’Ars : « Ne pas communier, c’est comme mourir de soif près d’une source ». Mais un siècle et demi plus tard, les hauts responsables de la pastorale organisent par défaut l’extinction de leur peuple en l’affamant.

Rédigé par jonasalsace

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G
Il est d'actualité, en parlant d'affaires lamentables, d'évoquer le cléricalisme. Cet article y fait explicitement référence. On est encore loin du sacerdoce universel. Vatican II l'avait évoqué timidement mais on est très vite revenu en arrière. Les laïcs sont toujours encore traités comme des enfants et on tolère qu'ils prennent des responsabilités uniquement sous le contrôle des clercs. D'ailleurs ils ne sont définis que par la négative comme étant des non clercs. On attend plus que des effets de communication, on attend des actes
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