Jouvence
Publié le 23 Mai 2011
Ni celle de l’abbé Soury, ni celle d’Aldous Huxley mais celle qui émane de la seconde étape des rencontres qu’Olivier LE GENDRE conduit avec « son » Cardinal. (L’espérance du Cardinal, 2011, ed. J.C. Lattès)
Nul besoin de savoir qui il est. Pourvu qu’une telle pensée évangélique puisse émerger d’une institution aussi sclérosée que le montre dans ses actes (cf. la dernière affaire Morris) une hiérarchie romaine frileuse et crispée sur ses certitudes.
Quel témoignage de résilience ! Quelle force de caractère ! Mais aussi quelle merveilleuse connivence avec la personne du Christ et les évangiles qui en disent la force et la tendresse.
Au-delà des petits secrets de conclave que l’on trouve à la fin du livre et qui nous dépeignent dans quelles tensions s’agitent les cardinaux pour imaginer l’après Benoît XVI, les frontières d’une Eglise d’Espérance d’avec celle d’une Eglise de puissance et de pouvoir étriqués éclatent aux yeux du lecteur.
Trois idées force ont retenu ma lecture :
- Le principe de Poo (du nom de cet homme atteint du sida en phase terminale auprès de qui le Cardinal et l’auteur ont passé de longues heures d’une présence silencieuse et chaleureuse) contre le principe de Constantin : autrement dit la préférence pour » une Eglise dont la première préoccupation est d’incarner la tendresse de Dieu » face à » une Eglise considérée comme puissance et gouvernée comme telle » (p.13/14).
- Le renouvellement des rapports entre les sociétés civiles et l’Eglise pour envisager, à nouveaux frais, une reconnaissance mutuelle et, partant, une plus grande recevabilité du message de spiritualité dans des sociétés sécularisées. Le droit d’ingérence, démarche salutaire pour de nouvelles voies de dialogue entre Eglise et sociétés.
- La conversion d’Assise où un Cardinal chemine avec Bonaventure sur les pas de François et retrouve la fraîcheur et l’essentiel de l’Evangile ; le centre de l’appel à traduire, dans la simplicité des situations humaines, la tendresse de Dieu. Cette posture ouvre aux grandes questions des relations et des considérations que nous développons face à d’autres spiritualités (la future rencontre proposée par Benoît XVI affadit, par la prière séparée, la force de l’initiative de son prédécesseur). Elle ouvre également, avec bonheur, aux interrogations sur un certain type d’athéisme affiché.
Ouvrage traversé d’humanité concrète, de visages et de situations qui appellent à la vérité sur soi et sur le monde (l’auteur a été confronté à une période de lutte contre le cancer), les dialogues qu’il retrace font écho à cette affirmation de Joseph Doré dans son dernier ouvrage (A cause de Jésus, 2011, ed. Plon) : » Ne faudrait-il pas redécouvrir la foi qui est vie avant d’être doctrine ».
G.P.