François, Angela et les autres..
Publié le 21 Février 2016
Alors qu’il venait de célébrer une messe à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis en solidarité avec les migrants, le pape François a été interrogé par les médias sur le projet de Donald Trump d’ériger un mur entre les deux pays et d’expulser des millions d’immigrés. « Celui qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétien », a-t-il, déclaré, visant implicitement le candidat aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle américaine. En septembre 2015, le pape s’en était déjà pris à ceux qui érigent des murs à propos du gouvernement Orban en Hongrie qui a fermé les frontières de son pays aux réfugiés.
En même temps, en Allemagne, la chancelière fédérale, Angela Merkel, fait face avec ténacité à ceux qui lui reprochent d'avoir accueilli trop de réfugiés fuyant les guerres.
Certains soutiens du républicain D. Trump se disent chrétiens évangéliques. Certains opposants à A. Merkel se réclament du christianisme social.
Et il y a tous les autres. Ces milliers de personnes qui participent à l'accueil des migrants en France, notamment à Calais, et un peu partout en Allemagne. Et tous ces anonymes qui soutiennent de leur obole les associations au service des migrants.
Quelques responsables religieux se font aussi entendre. En Angleterre, ils invitent David Cameron à accueillir davantage de réfugiés syriens. Mgr Czeslaw Kozon, évêque de Copenhague, désapprouve la réforme de l’asile votée par le parlement danois en janvier 2016 qui vise à durcir les conditions d’accueil des migrants.
En France les responsables politiques ne veulent pas choquer l'électorat d'extrême droite en n'évoquant pas publiquement le problème des réfugiés. Pourtant, pour gagner une élection n'est-il pas préférable d'avoir un idéal et une parole franche, même s'ils déplaisent à à une frange de la population, extrémiste ou intégriste ? Qu'en pense la conférence épiscopale de notre pays ?
Certains évêques parlent volontiers de l' "année de la miséricorde". Cette annonce n'implique-t-elle pas pour l'Eglise qui est en France un passage à l'acte, en l'occurrence l'élaboration en toute urgence d'un plan d'accueil massif des réfugiés, ceux qui sont bloqués aux portes de l'Union européenne et ceux qui prendront la route de l'exil au printemps prochain ? Il ne s'agit pas d'improviser et encore moins de fermer les yeux. Mais de prévoir...
Ces enfants, ces femmes et ces hommes ruinés par les passeurs et rescapés des naufrages devront-ils encore attendre longtemps pour pouvoir se reposer dans ces terres que la tradition appelle encore "chrétiennes " ?
La période de carême que l'Eglise nous propose est un moment particulièrement propice à la réflexion et à la conversion. En démocratie il n'est pas défendu de témoigner de l'amour du prochain, non seulement en paroles mais aussi en actes, surtout pour ceux qui se disent disciples de Jésus...
Jean-Paul Blatz
19 février 2015