Publié le 23 Août 2020
Le juste discernement
Dans le diocèse de Strasbourg, l’archevêque a demandé que les célébrations mariales du 15 août 2020 soient placées sous le signe de la bioéthique.
Le chanoine Jean-Luc Liénard, vicaire général, a fait parvenir un message aux curés leur proposant une démarche de prière suite au vote d’une loi par la représentation nationale :
« Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la Conférence des évêques de France, a proposé aux évêques diocésains, suite au vote de la loi de bioéthique par l’Assemblée Nationale, une démarche de prière, le 15 août.
Monseigneur Luc Ravel propose aux paroisses et sanctuaires de notre diocèse l’intention de prière que vous trouverez en document joint [ci-dessous].
Elle trouvera sa place à la messe, à la procession ou dans une autre démarche proposée lors de la solennité mariale.
L’objet de cette intention est d’aider les fidèles et les communautés qui ont beaucoup prié en vue de la révision des lois de bioéthique de ne pas désespérer et de se disposer à recevoir la grâce de poursuivre la mission reçue du Christ, dans la joie de vivre dans la lumière, sans oublier que le Seigneur est venu ouvrir un chemin de salut ».
Seigneur notre Dieu,
par l’intercession de Marie notre Mère,
garde toute ton Église,
baptisés, consacrés et ministres ordonnés,
dans sa mission prophétique :
qu’elle proclame avec douceur et persévérance
la beauté de toute vie humaine,
qu’elle témoigne de ta tendresse envers toute personne
en situation douloureuse,
qu’elle poursuive sans se lasser
sa mission d’éclairer les intelligences et les consciences
pour un juste discernement des techniques
biomédicales offertes à l’ingéniosité humaine.
Depuis l’apparition du coronavirus, la France est peuplée de millions d’experts en virologie. Convaincus de la justesse de leur discernement, ils nous expliquent pourquoi il est inutile de porter un masque.
Aujourd’hui, 15 août 2020, des évêques s’affichent experts en bioéthique. Convaincus de la justesse de leur discernement, ils nous demandent de prier « contre » une loi votée par l’Assemblée Nationale.
Face aux affirmations des uns et des autres, chacun d’entre nous a pu se faire une idée personnelle sur la pandémie provoquée par la Covid 19 et sur la bioéthique en s’informant sur ces questions auprès de spécialistes qui se sont exprimés dans de publications scientifiques.
Par ailleurs, l’alignement à la longue de certains évêques sur des positions idéologiques de l’extrême droite relayées par des catholiques traditionalistes n’augure rien de bon pour l’avenir de l’Eglise qui est France. En outre, l’amertume n’est pas bonne conseillère dans l’annonce de la Bonne Nouvelle.
Le 15août …ou comment Marie a été privée de sa fête…
Dès les premiers siècles de l’Eglise, on a célébré le 15 août la « dormition » de la Mère du Christ, c’est-à-dire-son endormissement dans la mort sur terre et sa naissance au ciel. Ultérieurement on parlera de l’Assomption de la Vierge.
En France, le roi Louis XIII pour remercier de la naissance annoncée du futur Louis XIV, consacra officiellement le pays à la Vierge Marie en 1638, instituant alors les processions du 15 août qui devint jour de fête royale.
Devenu empereur, Napoléon Bonaparte voulut aussi sa fête nationale qu’il fixa au 15 août, jour anniversaire de sa naissance, en remplacement de la commémoration du vœu de Louis XIII. Le cardinal Caprara, légat pontifical en France, plaça à cette date la fête de Santo Neopolis, martyr du début du 4ème siècle d’où dériverait le prénom Napoleone.. Par décret du 19 février 1806, l’empereur décida que la fête de saint Napoléon sera célébrée dans l’étendue de l’Empire le 15 août de chaque année. « Il y aura, ledit jour, une procession hors l’église, dans toutes les communes où l'exercice extérieur du culte est autorisé… Il sera prononcé, avant la procession, et par un ministre du culte, un discours analogue à la circonstance, et il sera chanté, immédiatement après la rentrée de la procession, un Te Deum solennel. » Dès la Restauration, cette fête nationale impériale fut supprimée.
Et aujourd’hui ? Est-il indispensable de transformer la plus grande fête de l’année liturgique en l’honneur de Marie en plate-forme de revendication au service de lobbies qui ne représentent qu’une infime minorité des baptisés ?
Jean-Paul Blatz