Publié le 17 Juin 2018
De nombreux chants de communion délivrent ce message : « Devenez ce que vous recevez, Devenez le corps du Christ, Vous êtes le corps du Christ ». Ces mots disent explicitement l’objectif des célébrations eucharistiques.
Bien avant ces cantiques, l’apôtre Paul déclarait : « Je vis, mais non plus moi, c'est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20 ; 4,19). Il déclarait de même à propos des croyants qu’il avait évangélisés : « Mes petits enfants que, dans la douleur, j’enfante à nouveau, jusqu’à ce que le Christ soit formé en vous » (Ga 4,19). Cette transformation est le fruit de l’eucharistie pour les fidèles. Autour de l’an 150, saint Justin de Rome l’expliquait ainsi : « De même que Jésus Christ notre Sauveur, eut chair et sang pour notre salut, de même la nourriture eucharistiée par une prière qui vient de lui – nourriture dont notre sang et nos chairs sont nourris moyennant une transformation – est la chair et le sang de ce Jésus fait chair » (Apologie 66). Dans l’eucharistie s’opère donc une double transformation : celle du pain et du vin en corps et sang du Christ, et celle des fidèles qui y prennent part, en Corps du Christ. C’est ce qu’expriment les prières eucharistiques, qui appellent la venue de l’Esprit Saint non seulement sur le pain et le vin, mais aussi sur l’assemblée et tous les participants.
Nourriture plutôt que spectacle
Les théologiens du Moyen Âge avaient inventé un terme abstrait pour qualifier les effets des paroles de Jésus sur le pain et le vin : transsubstantiation. On peut donc l’élargir pour l’appliquer aux participants de la célébration. Mais les expressions de la liturgie sont, elles, toujours concrètes, comme dans la préface du Jeudi Saint : « Quand nous mangeons sa chair immolée pour nous, nous sommes fortifiés ; quand nous buvons son sang, nous sommes purifiés ». Les prières eucharistiques attribuent ces fruits de la célébration à l’Esprit Saint : « Sanctifie ces offrandes (pain et vin) en répandant sur elles ton Esprit… » Et : « Que tes fidèles deviennent ensemble par la force de l’Esprit le corps de ton Fils ressuscité ». Puisque telle est l’action transformatrice de l’Esprit, il ne faut pas se contenter de regarder l’hostie, même si c’est dans cet écrin doré et vitré qu’on appelle « ostensoir », mais manger le Pain de Vie et boire à la Coupe de bénédiction présentés par le Christ, pour en être nourri.
Accueillir sans réserve l’Esprit du Christ
Manger et boire, c’est accueillir en soi ; mais regarder, c’est garder ses distances. Voilà pourquoi c’est la communion qui est apportée aux malades, comme une énergie de l’Esprit Saint. Voilà qui justifie aussi qu’elle soit distribuée aux célébrations de la Parole, qui suppléent la messe là où celle-ci est rendue impossible par manque de prêtres. Dans les lectures de la Pentecôte l’apôtre nous dit : « Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit », pour que par l’eucharistie il nous transforme à l’image du Christ.