De jeunes chrétiens du Mouvement rural de la Jeunesse chrétienne (MRJC) se sont désolidarisés de la "marche pour vie" dont des partisans se réclament d'idéologies peu respectueuses des femmes, des homosexuels ou des musulmans. Ces jeunes, pourraient-ils encore se dire chrétiens s'ils partageaient ces sentiments de haine ?
Un évêque déclare qu'une femme qui recourt à l'interruption volontaire de grossesse tue un enfant. Ces jeunes, pourraient-ils encore se dire chrétiens s'ils adhéraient à ce jugement ?
"Voyez comme ils s'aiment" disait-on des premiers chrétiens. Pourquoi ne pourrions-nous pas le redire de nos jours, plutôt que de subir le besoin permanent de culpabilisation de certains responsables d'Eglise ? Ne se rappellent-ils pas des paroles de Jésus lorsque des scribes et des pharisiens voulaient lapider une femme : " Que celui d'entre vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle... Quand ils entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un, à commencer par les plus âgés (Jean 8, 7,9).
Il y a des écoles pour apprendre à parler, à convaincre… Et si l’on apprenait à faire silence, à écouter, pour qu’une parole puisse surgir en l’autre et en nous-mêmes… et que nous l’entendions ?
Il y a quelques semaines, l’association strasbourgeoise « SOS, Aide aux Habitants » où je fais de la médiation pénale ou de proximité depuis une vingtaine d’années avait organisé un stage de formation. L’animatrice de cette session était Jacqueline Morineau. Cette érudite aux multiples casquettes enseigne et pratique depuis 33 ans la « médiation humaniste ». Pour elle, tout conflit matériel cache une dimension profonde qu’il faut s’attacher à débusquer et à laisser s’exprimer. A la fin d’une médiation conflictuelle aboutie, ce n’est pas essentiellement le problème qui est réglé mais ce sont les personnes qui ont découvert les vraies demandes – la leur, celle de l’autre – et qui ont changé.
Ce que Jacqueline Morineau dit de la médiation humaniste ne peut-il pas s’appliquer à toutes nos rencontres : rencontres amicales, rencontres conflictuelles, rencontre de celui qui pour nous est étranger ? Pour cela, il est essentiel que dans nos rencontres, notre but premier, et tout au long de la rencontre, ne soit pas de placer ce que nous avons à dire mais d’écouter l’autre, d’être miroir. La formule : « je sens que… » concernant l’autre doit être suivie d’un long silence. Ce silence qui pendant nos jeux de rôles nous semblait si long ! Que de fois, lorsque celui qui avait le rôle de médiateur voulait intervenir, Jacqueline lui faisait signe, discrètement, « ne dit rien » … Oh silence, long silence qui laisse le temps à l’autre de descendre dans son labyrinthe pour y trouver peut-être une lumière, une issue… parfois jaillissent des larmes… silence qui nous permet à nous-mêmes de rejoindre notre intériorité…
Je pense ici à cette scène rapporté dans l’Evangile de Jean : Jésus sort du tribunal où il vient d’être condamné, il regarde Pierre qui par trois fois vient de le renier. Il ne dit rien… Pierre le renégat se met à pleurer ; il peut maintenant devenir lui-même : celui que Jésus appelait Pierre-roc !
Heureux, je crois, ceux qui dans les rencontres savent offrir à l’autre leur silence, un silence plein de respect, d’empathie, de sympathie… Ils sauvent l’humain en l’homme.
Le groupe Jonas de Strasbourg, lors de sa réunion du 21 novembre dernier, a décidé de proposer sur ce site un « feuilleton Jonas ».
Au fil des semaines, l’un ou l’autre de ses membres écrira un épisode de cette série : des évènements, des réflexions, des lectures, des rencontres, etc. Chaque épisode sera relié à l’un des quatre mots, quatre valeurs fortes et fondamentales pour notre vie de chrétiens aujourd’hui : proximité, témoignage, dialogue, solidarité.
Evidemment, il sera possible à chacune et chacun de réagir à ces textes en laissant un commentaire.
Nous espérons ainsi mieux faire connaitre le vécu des nombreux chrétiens qui dessinent des visages d’Eglise autres que celui que nous renvoient trop souvent les institutions catholiques et les instances du Vatican.
Membres de la Fédération des Réseaux du Parvis, nous sommes convaincus que l’appel du Pape François à aller aux « périphéries » est un défi majeur pour que l’Evangile soit vécu au cœur du monde d’aujourd’hui. Alors, venez et voyez !