La Bible est-elle antiféministe ? (1) - Albert Hari
Publié le 29 Septembre 2012
La tentation d’utiliser la Bible comme un arsenal d’arguments pour prouver une thèse est de toutes les époques. 0n pourrait ainsi faire de la Bible un manuel antiféministe, machiste, sexiste à partir duquel on justifierait tous les machismes civils et religieux d’aujourd’hui.
On pourrait, à l’inverse, faire de la Bible un manifeste pour la promotion féminine. On rassemblerait les grandes figures comme Sara, Anne, Judith, Esther, bien d’autres, et Marie, la nouvelle Ève, évidemment. Cette intention est louable. Mais elle repose sur deux attitudes critiquables : d’une part, l’occultation de nombreux textes nettement antiféministes existants dans la Bible et, d’autre part, un souci exagéré de vouloir défendre la cause féminine par des textes bibliques.
Une troisième voie est possible. Elle se situe dans une autre perspective. Elle consiste à examiner de près les textes bibliques concernant les femmes, à situer ces textes dans l’histoire, les uns par rapport aux autres, afin de mettre au jour les contradictions, les tensions, les avancées et les reculs de la promotion féminine dans le peuple et dans les écrits de la Bible. C’est la voie que nous suivrons. Nous essayerons ainsi de découvrir le dynamisme de l’histoire des femmes de la Bible. [1]
Une telle démarche invite aussi à une lecture équitable de la Bible. C’est une question de justice ! En effet, le texte biblique fut écrit par des hommes, mais la vie qui est à la racine du texte fut vécue par des hommes et des femmes. Les auteurs bibliques nous livrent les nom d’environ 170 d’entre elles. De prime abord on peut penser que c’est déjà pas mal. Mais, si on compare ce chiffre au nombre de personnages bibliques masculins portant un nom, on déchante. Ils sont près de 2900. Le rapport est édifiant : une femme pour dix-sept hommes. Faut-il rappeler que dans la mentalité sémitique quelque chose ou quelqu’un n’existe vraiment que quand il a un nom ? On peut imaginer l’influence inconsciente et l’utilisation antiféministe possible de ce déséquilibre.
La lecture équitable suppose aussi une attention à toutes les femmes de la Bible celles qui n’ont pas de nom, comme la femme de Noé... ou les 700 femmes du harem de Salomon... et toutes celles que la Bible ne mentionne pas, mais qui étaient bien vivantes et auxquelles certaines expressions, comme « toute la communauté » ou « tout Israël », pourraient faire allusion. Le peuple de la Bible n’était pas un clan d’hommes célibataires.
[1] C’est ce que j’ai essayé de faire dans mon livre Découvrir toutes les femmes de la Bible, 426 p. édité au Québec par Novalis en 2007. La démarche de cet ouvrage est en partie à la base de cet article. Des notes y renverrons avec l’indication : cf. Découvrir... page...
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