Publié le 23 Juillet 2011

Par  Albert Hari

Depuis un certain temps, Marie de Magdala ou Marie Madeleine est revenue sur le devant de la scène ceci - entre autres - grâce à un roman policier que beaucoup ont pris pour un traité de théologie.

De nombreuses questions sont posées concernant Marie Madeleine. A-t-elle existé ? Qui était-elle vraiment ? Que peut-on dire d’elle historiquement ? Par quels documents la connaissons-nous ? Quels étaient ses rapports avec Jésus ?

Comment les Évangiles en parlent-ils ? Comment la tradition chrétienne en a-t-elle transmis le souvenir ? Une grande confusion règne à ce sujet. Jésus était-il célibataire ou marié ? l’Église a-t-elle occulté des vérités historiques ? 

Un premier regard nous invite à rejoindre Marie de Magdala disciple de Jésus dans les années 28-30.  Un deuxième regard examinera ce qui a été écrit par les quatre évangélistes dans les années 65 à 100. Enfin nous examinerons le sort réservé à Marie Madeleine au cours de 19 siècles de christianisme. 

A.  LE REGARD DE L’HISTORIEN : MARIE MADELEINE  DISCIPLE DE JÉSUS

1) Questions de méthode

Notre réflexion s’inscrit dans l’histoire de la  recherche biblique

Pendant de longs siècles tout semblait  clair : on pensait que les Évangiles témoignaient  exactement de  ce qui s’était passé.  
À partir du 18ème siècle (naissance d’une exégèse critique) on distingue trois grandes phases :

1. Première phase : l’ optimisme. On  essaye de retrouver le Jésus de l’histoire. Le 19ème siècle est le « siècle de l’histoire ».  Ceci surtout dans  la recherche libérale protestante et allemande.  

2. Deuxième phase : l’effondrement. Vers le tournant du siècle ces positions optimistes sont ébranlées. notamment en  1906 par le livre d’Albert Schweitzer : Geschichte zur Leben-Jesu Forschung, 1906 puis 1913. L’auteur oppose le Jésus dit historique et le Christ réel de la Bible : le Jésus historique appartient au passé et ne peut être récupéré. Le Christ réel qui est attesté dans les Évangiles importe seul pour la foi.

3. La troisième phase (ou « troisième quête ») commence au milieu du 20ème siècle. Elle se manifeste plus fortement depuis environ 25 ans. La recherche américaine passe au premier plan. Elle est marquée -entre autres- par l’intérêt porté à l’histoire socio-économique[1] , l’attention à l’enracinement juif de Jésus [2], l’utilisation des sources  non canoniques...

Notre recherche utilise des critères précis  pour rejoindre le Jésus et la Marie Madeleine de l’histoire

Pour établir l’historicité (radicale) des affirmations des textes du Nouveau Testament, un certain nombre de critères ont été établis . Voici les plus importants :

1) L’originalité radicale qui  suppose :  une bonne connaissance du monde juif de l’époque, une bonne connaissance de l’Église première et  une absence de créativité des disciple de Jésus.
2) L’embarras ecclésiastique : quelque chose que la communauté n’aurait jamais osé inventer, comme Jésus qualifié de « glouton et d’ivrogne » (Mt 12,19)
3) L’attestation multiple  (de sources indépendantes l’une de l’autre)
4) La cohérence.
5) La plausibilité historique.

Cette recherche ne peut pas rejoindre le « Jésus  réel » ou la « Marie Madeleine réelle ». Ils ont à jamais disparus... mais le Jésus et la Marie Madeleine « de l’histoire », c’est à dire le plus proche possible du réel tel que l’historien peut se les représenter aujourd’hui.

2) La Marie Madeleine de l’histoire 

Aujourd’hui pour l’immense majorité des historiens l’existence de Jésus de Nazareth ne fait plus de doute. On peut en dire autant pour Marie Madeleine.

Grâce à un regard critique sur les Évangiles, qui sont cependant plus tardifs, grâce aussi à des données historiques, économiques,  religieuses, sociales du premier  siècle, que nous connaissons par ailleurs, nous pouvons nous représenter ce qu’était globalement la vie de Marie Madeleine dans les  années (une à trois) où elle faisait partie de ceux et de celles qui suivaient Jésus entre 28 et 30 de l’ère chrétienne ? 

Marie Madeleine est originaire de Galilée, la région riante du nord du pays. Elle vient de Magdala, une localité  située sur la rive ouest du lac de Tibériade (de Génésareth, ou mer de Galilée). D’où son surnom « Marie de Magdala », « Marie Madeleine » ou « la Magdaléenne ».  Elle vient donc de la même région que Jésus, une région éloignée de Jérusalem et ouverte sur l’étranger.  Elle est à la fois contemporaine et compatriote de Jésus.

Magdala était un ville assez importante, une cité de pêcheurs. : 230 navires, selon Flavius Josèphe. Nazareth, en revanche, était une petite localité n’ayant pas  toujours bonne renommée. « Peut-il sortir quelque chose de bon de Nazareth ? »  

En l’an 28, Jésus commence son action publique au bord du Lac de Tibériade. Des foules nombreuses se rassemblent  sur son passage. Ces hommes et ces femmes sont avides d’une parole nouvelle et libératrice. Parmi eux se trouvent des malades qui espèrent la guérison. Dans les Actes des Apôtres Luc évoque ainsi l’action de Jésus : « Il est passé en faisant le bien et en guérissant tous ceux qui étaient tombés au  pouvoir du diable » (Ac 10,28). En effet, comme d’autres guérisseurs de l’époque Jésus guérissait  des malades. Mais à  la différence de ces guérisseurs, il le  faisait gratuitement et quand quelqu’un était guéri on y voyait l’action merveilleuse de Dieu.

Marie Madeleine est guérie par Jésus. Elle souffrait d’une maladie assez grave. À cette époque les maladies physiques et psychiques étaient attribuées à des puissances démoniaques. La guérison était liée à l’expulsion des démons. Marie  entend  parler de Jésus et de son action. Elle rejoint la foule qui se rassemble autour de lui, ou peut-être même déjà le petit groupe qui l’accompagne. Elle est guérie. « Sept démons sortent d’elle ».  Le chiffre « sept » souligne la gravité de la maladie dont elle a été délivrée[6].   

Elle fait partie du groupe de disciples. Sa guérison prend aussi un autre sens. Les disciples sont appelés par Jésus et le suivent. Marie est guérie par Jésus et le suit. Cette guérison est un appel, une vocation... à laquelle elle sera plus fidèle que certains disciples. Avec d’autres femmes Marie va faire partie du groupe des disciples.

Cela pouvait poser question aux rabbins qui n’acceptaient pas de femmes comme disciples. Pour Jésus ce n’était pas un problème. Il acceptait indifféremment hommes et femmes dans son équipe.   

Cette attitude de Jésus était innovante et révolutionnaire à une époque et dans une société où les femmes étaient loin d’être à égalité avec les hommes [7].

En se mettant à la suite de Jésus, Marie Madeleine et les autres femmes changeaient de monde et contribuaient peut-être à changer le monde...

Marie Madeleine a suivi Jésus avec les disciples, les apôtres et d’autres femmes  depuis le début de son action en Galilée  jusqu’à son exécution  à Jérusalem. Elle n’était donc pas la disciple d’un jour. Celle qui apparaît un jour puis disparaît.

Avec les autres disciples, masculins et féminins, Marie Madeleine est présente  lors des soins et des guérisons de malades par Jésus. Elle y voit l’action bienfaisante de Dieu pour l’avoir expérimentée elle même. Elle écoute les béatitudes, s’étonne des paraboles,  voit les foules partager le pain et manger à satiété. Elle rend service quand cela est nécessaire.

Elle est présente à l’exécution de Jésus. A-t-elle tremblé avec les apôtres quand Jésus a annoncé sa montée à Jérusalem et sa passion ? En tous les cas elle ne l’en a pas dissuadé, contrairement  à Pierre que Jésus a qualifié de Satan ! Donnée historique exacte d’après le critère de l’embarras ecclésiastique ! Mc 8,32-33 (cf Luc 9,51). Avec d’autres femmes, mais sans les douze apôtres, sauf Jean, Marie de Magdala  sera présente jusqu’au bout près de la croix. Mais sa présence ne s’arrête pas là.

Elle joue un rôle important après la « résurrection ». L’accord des quatre Évangiles sur sa place après la résurrection permet de supposer qu’elle était présente la première et active le matin de Pâques, dès le début de la découverte de ce mystère et qu’elle en a fait part la première aux apôtres[8].  D’où le nom  d’Apôtre des apôtres qui lui sera parfois donné[9]. 

Après ce regard d’historien il faut dire clairement que :

1. Marie Madeleine n’était pas une pécheresse publique.
2. Qu’elle n’a probablement jamais oint les pieds ou la tête de Jésus.
3. Qu’on ne sait rien de sa chevelure.
4. Qu’elle n’est pas une pénitente repentante.

Malheureusement nous ne disposons pas d’autres données historiques sur ce qu’elle a fait ensuite. Mais nombreux sont ceux qui dans l’Église et hors de l’Église s’ingénieront à combler cette lacune.  

La question « Jésus était-il marié » est une vraie question. La situation normale d’un homme à cette époque était l’état de mariage. C’était tellement normal qu’on n’en parlait pas. Les apôtres étaient certainement mariés. Les Évangiles n’en parlent pas. Les rabbins étaient mariés. Mais on ne sait rien de la femme des  rabbins Hillel et Shammaï.

Dans les Évangiles on découvre, par hasard, que Pierre avait une belle-mère, donc qu’il était marié Le problème n’était pas là. Le problème était la maladie de la belle-mère et sa guérison (Mc 1,29-31). D’autre part, grâce à Paul, nous apprenons  que Pierre faisait ses voyages missionnaires avec son épouse. Et une tradition qui a fleuri en Alsace lui attribue même une fille connue : Pétronille[10]. 

Jésus était-il marié ? Les sources n’en parlent pas. Que la réponse soit positive ou négative cela ne changerait  rien. Si les auteurs  du  Nouveau Testament n’en parlent pas directement, c’est que la question leur paraissait sans importance. Ce qui est extraordinaire - ou choquant -  ce ne n’est pas que Jésus aurait peut-être été marié. Ce qui est extraordinaire et mystérieux, c’est que Dieu, le maître des mondes et de l’histoire, infiniment plus grand et plus mystérieux que tous les univers et toute leur histoire, vienne habiter parmi nous en Jésus de Nazareth.

Vu à la lumière de l’incarnation la question du mariage possible de Jésus est réduite sa juste dimension.

Quant à dire qu’il s’agirait d’un mariage avec Marie Madeleine, aucune donnée biblique ne nous permet de l’affirmer ni de l’infirmer. Si on  imagine une descendance on peut cependant s’étonner qu’aucun descendant de Jésus n’ait revendiqué la succession[11]. 

Quant à parler d’une descendance allant jusqu’aux rois mérovingiens et par eux jusqu’à aujourd’hui, il s’agit des fantasmes d’un roman policier qui peut éventuellement se lire avec un certain intérêt, mais dont la lecture  risque de faire oublier qu’il s’agit d’un roman policier et non pas d’un ouvrage historique ou théologique.   

Ce roman a cependant une certaine efficacité : il fait parler de Marie Madeleine... et invite à  rétablir la vérité.
 


[1] Handbook of early christianity. Social approches (800 pages)  dirigé par Jean Duhaime, directeur de la Faculté de Théologie et des sciences religieuses de Montréal. Rowman and Littelfiel Publishers.
[2] Ainsi dans les livres de John P. Meier : Un certain juif Jésus,  (quatre volumes parus jusqu’à présent ). Cerf.
[3]Voir par ex. Jacques Schlosser. Jésus de Nazareth. Noësis 1999. p. 79-89.

[4]Le nom de Magdala provient de l’hébreu Migdal « tour ». 
[5]Nathanaël à propos de Jésus en Jn 1,46.

[6] L’idée que la maladie est liée à une faute habitait encore beaucoup d’esprits. Cette manière de penser était pourtant remise en cause depuis longtemps en Israël. Souvenez-vous du livre de Job, qui refuse d’accepter son malheur comme la punition d’une faute. L’expulsion de démons ne signifie aucunement que Marie Madeleine était pécheresse, mais qu’elle a été guérie d’une maladie importante
[7] En effet, elles étaient  soumises d’abord au père, puis au mari dont elles étaient devenues la possession. Elles pouvaient être répudiées, ne pouvaient ni gérer les biens, ni hériter. Elles étaient marquées par de nombreux interdits et tabous concernant la pureté et spécialement le sang des règles. Elles passaient ainsi un partie de leur vie à être « impures » et à avoir peur de rendre les autres impurs. Leur accès au Temple était limité au parvis des femmes. Elles devaient se taire à la synagogue. Elles essayeront de s’exprimer dans les assemblées des premières communautés, au grand dam de Paul, qui n’a pas connu la pratique de Jésus et qui laissera des paroles aujourd’hui intolérables : « que les femmes se taisent dans l’assemblée... ». Elles étaient tenues d’observer les interdictions de la loi. Elles n’étaient pas obligées de respecter tous les commandements, ni d’étudier la loi.  Au 2ème siècle de notre ère, Rabbi Yediyah demandera au Juifs de prononcer chaque jour trois louanges. La deuxième commence ainsi : « Loué sois-tu de ne pas m’avoir fait femme, car la femme n’est pas tenue aux commandements... » .

[8] Critère de l’attestation multiple
[9] par Hyppolite de Rome - + 235- dans Philosophoumena.  
[10]  Voir Vagues d’espérance N°75, p 44-45 : La femme du « premier pape ».

[11] D’après Eusèbe de Césaréé, (263? - 339) Histoire ecclésiastique IV, 22, 4 ; cf. II, 21, 1 qui cite Hégésippe  (2ème siècle)  on établit à la place de Jacques  évêque de Jérusalem (en 62), un certain Syméon, fils ce Clopas, oncle de Jésus (H.E. III,32,1-6). « Une tradition parallèle, également  rapportée par Hégésippe (HE III ; 20, 6 et III, 32, 6). raconte que deux petits fils de Jude, frère de Jésus, ayant comparu devant l’empereur Domitien (81 - 91) et, échappé de justesse à la mort, dirigèrent les Églises – et même  ‘toute l’Église’ jusqu’au règne de Trajan. Il faut sans doute imaginer une sorte d’épiscopat collectif exercé par la famille de Jésus vers la fin du 1er siècle. Cette monopolisation du pouvoir ecclésiastique pour la famille de Jésus semble d’ailleurs avoir suscité quelques oppositions au sein même de l’Église. »   (Trocmé,   L’  enfance  du  Christianisme ,  p. 147 - 148  ;   Noësis,  
 1997).

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Publié le 16 Juillet 2011

Le 19 juin dernier les prêtres et diacres d’Autriche ont lancé un appel à la désobéissance. Pour le moment il a été signé par plus de 300 prêtres et diacres sur un total de 3900 prêtres et 600 diacres que compte l’Autriche. Voici l’original de cet appel.

 

La traduction française :

 

Appel à la désobéissance


Le refus romain d’une réforme de l’Eglise nécessaire depuis bien longtemps et l’inaction des évêques non seulement nous autorisent, mais nous obligent à suivre notre conscience et à agir de notre propre initiative :

Nous prêtres voulons porter à votre connaissance nos intentions futures :

  1.  Nous allons à l’avenir lors de chaque célébration intercéder en vue d’une réforme de l’Eglise. Nous prenons au sérieux la parole biblique : Demandez et vous recevrez. Ce qui compte devant Dieu, c’est la liberté de parole.
  2.  Par principe, nous n’allons pas refuser l’accès à l’eucharistie aux croyants de bonne volonté. Ceci s’applique en particulier aux divorcés-remariés, aux membres d’autres Eglises chrétiennes et à l’occasion à ceux qui ont quitté l’Eglise
  3. Nous allons éviter autant que possible lors des dimanches et jours fériés de faire plusieurs célébrations ou de faire intervenir des prêtres qui sont de passage ou qui sont étrangers à la localité. Il est préférable d’élaborer soi même une célébration de la parole plutôt que d’avoir une liturgie présidée par des acteurs en tournée
  4.  Nous allons à l’avenir considérer qu’une liturgie de la parole avec distribution de la communion est une célébration eucharistique en l’absence de prêtres et la nommer ainsi. Nous remplirons ainsi nos obligations dominicales en cette période de pénurie de prêtres.
  5.  Nous n’allons pas non plus respecter l’interdiction d’homélie à des laïcs compétents et formés ou à des dames professeurs de religion. Il est nécessaire en ces temps difficiles d’annoncer la parole de Dieu.
  6.  Nous allons aussi œuvrer pour que chaque paroisse ait son propre chef, que ce soit un homme ou une femme, marié ou non, que ce soit sa fonction principale ou non. Il ne s’agit pas de faire des regroupements de paroisses mais de définir une nouvelle image du prêtre.
  7. En conséquence nous allons donc utiliser toutes les occasions pour nous exprimer en faveur de l’accession à la prêtrise des femmes ou des personnes mariées. Et nous les accueillerons en tant que collègues prêtres.

De plus nous nous sentons solidaires de tout collègue qui a dû interrompre ses fonctions parce qu’il s’est marié, mais aussi avec celui qui continue d’exercer en tant que prêtre bien qu’il entretienne une relation. Par leur décision, les uns et les autres suivent leur conscience, comme nous d’ailleurs aussi avec notre protestation. Nous les considérons de la même manière que le pape et les évêques, comme nos frères. Quels sont ceux qui seront nos prochains, nous ne le savons pas. Un seul est notre maître et nous tous devrions, en tant que chrétiens et chrétiennes, être des frères et sœurs. C’est la raison pour laquelle nous nous mobilisons, nous intervenons et nous prions.

 

Amen.

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Publié le 23 Mai 2011

Ni celle de l’abbé Soury, ni celle d’Aldous Huxley mais celle qui émane de la seconde étape des rencontres qu’Olivier LE GENDRE conduit avec « son » Cardinal. (L’espérance du Cardinal, 2011, ed. J.C. Lattès)

Nul besoin de savoir qui il est. Pourvu qu’une telle pensée évangélique puisse émerger d’une institution aussi sclérosée que le montre dans ses actes (cf. la dernière affaire Morris) une hiérarchie romaine frileuse et crispée sur ses certitudes.

Quel témoignage de résilience ! Quelle force de caractère ! Mais aussi quelle merveilleuse connivence avec la personne du Christ et les évangiles qui en disent la force et la tendresse.

Au-delà des petits secrets de conclave que l’on trouve à la fin du livre et qui nous dépeignent dans quelles tensions s’agitent les cardinaux pour imaginer l’après Benoît XVI, les frontières d’une Eglise d’Espérance d’avec celle d’une Eglise de puissance et de pouvoir étriqués éclatent aux yeux du lecteur.


Trois idées force ont retenu ma lecture :



-          Le principe de Poo (du nom de cet homme atteint du sida en phase terminale auprès de qui le Cardinal et l’auteur ont passé de longues heures d’une présence silencieuse et chaleureuse) contre le principe de Constantin : autrement dit la préférence pour » une Eglise dont la première préoccupation est d’incarner la tendresse de Dieu » face à » une Eglise considérée comme puissance et gouvernée comme telle » (p.13/14).

-          Le renouvellement des rapports entre les sociétés civiles et l’Eglise pour envisager, à nouveaux frais, une reconnaissance mutuelle et, partant, une plus grande recevabilité du message de spiritualité dans des sociétés sécularisées. Le droit d’ingérence, démarche salutaire pour de nouvelles voies de dialogue entre Eglise et sociétés.

-          La conversion d’Assise où un Cardinal chemine avec Bonaventure sur les pas de François et retrouve la fraîcheur et l’essentiel de l’Evangile ; le centre de l’appel à traduire, dans la simplicité des situations humaines, la tendresse de Dieu.  Cette posture ouvre aux grandes questions des relations et des considérations que nous développons face à d’autres spiritualités (la future rencontre proposée par Benoît XVI affadit, par la prière séparée, la force de l’initiative de son prédécesseur). Elle ouvre également, avec bonheur, aux interrogations sur un certain type d’athéisme affiché.

Ouvrage traversé d’humanité concrète, de visages et de situations qui appellent à la vérité sur soi et sur le monde (l’auteur a été confronté à une période de lutte contre le cancer), les dialogues qu’il retrace font écho à cette affirmation de Joseph Doré dans son dernier ouvrage (A cause de Jésus, 2011, ed. Plon) : » Ne faudrait-il pas redécouvrir la foi qui est vie avant d’être doctrine ».

 

G.P.

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Rédigé par jonasalsace

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