Publié le 24 Septembre 2014

 La revue de la Fédération des Réseaux du Parvis

(Numéro 64 - Septembre- Octobre 201)

 

 

La non-violence, espoir de paix pour le monde ?

 

 

Editorial

 

 

La nature a ses lois. Elles permettent aux espèces vivantes de se perpétrer et de s'adapter aux conditions de vie. Aux naissances succèdent les morts. Et les morts deviennent sources de survie pour les vivants. Apparaît une espèce douée d'une intelligence supérieure et de parole qui a la capacité non seulement de dominer la nature et les autres espèces, mais aussi de soumettre son semblable à son pouvoir, même contre sa volonté, en usant d'intimidation et de force.

 

L'histoire des hommes est une suite d'actes violents. Ces comportements de domination ou d'asservissement usent de la force physique autant que verbale ou psychologique, surtout contre ceux qui sont considérés comme faibles. Lorsque le pouvoir est exercé par un régime autoritaire, l'utilisation de la violence peut devenir terrorisme d'Etat, stigmatisation d'une population et génocide. Les démocraties ne sont pas exemptes de violences quand les injustices économiques et sociales frappent les plus fragiles. La cyber-violence devient un réel danger lorsqu'elle prêche la haine et la discrimination et amplifie les peurs humaines.

 

Si l'homme est capable d'actes violents, il a aussi la capacité de se maîtriser ou de sublimer son agressivité. L'intérêt qu'il porte à la violence, à ses causes et à ses conséquences devient objet d'une pensée philosophique et source de courants spirituels et religieux. Dans l'hindouisme ou le bouddhisme. Dans le monothéisme proche-oriental aussi qui passe d'une divinité vengeresse au Dieu de Jésus-Christ juste, fraternel et aimant. Le passage de la théorie philosophique ou théologique à la praxis quotidienne est un perpétuel recommencement avec chaque génération. Dès le lendemain de la Première Guerre mondiale, en Europe et dans les colonies, on commençait à penser que le monde ne pouvait changer que par la non-violence. Une philosophie qui délégitimise la violence, qui promeut une attitude de respect de l'autre dans le conflit et une stratégie d'action politique pour combattre les injustices.

 

Pour quelle efficience ? Pour nombre de nos contemporains, la non-violence évoque des personnes : Gandhi, Martin Luther King ou Nelson Mandela. Des actions réussies également, en Inde, aux-Etats-Unis, en Afrique du Sud... Pendant ce temps les guerres continuaient dans le monde, entre pays et entre habitants d'un même pays jetant sur les routes d'innombrables réfugiés. Des dictateurs continuaient à torture et à tuer. La pauvreté s'étendait au rythme des nouveaux bidonvilles.

 

La non violence est-elle un chemin vers la paix ? A condition qu'elle s'inscrire dans la durée. Qu'elle s'incarne dans une éducation à la solidarité et à la fraternité, dans la lutte contre les inégalités de l'ultralibéralisme, dans le combat contre les nationalismes et les racismes, dans l'écoute de l'autre. A condition que j'accepte d'être remis en question par l'autre. Que j'accepte de recevoir quelque chose de lui. La vocation de la non-violence ne serait-elle pas seulement de changer les relations humaines mais aussi de libérer l'homme des entraves qui l'empêchent de découvrir sa nature profonde et, pour certains, l'occasion de découvrir aussi une image divine en devenir ?

 

Jean-Paul Blatz

 

 

 

   Sommaire du dossier

 

 

 

L'entrée en non-violence inaugure l'humanité. - Bernard Quelquejeu

Chacun d'entre nous fait l'expérience de la violence, de la violence subie ou de sa propre violence. Une violence que nous cherchons à récuser et à délégitimer par des actes et des attitudes morales. Ce comportement qui considère que la violence est première et la non-violence réactive, ne conforte-t-il pas le pessimisme et n'empêche-t-il pas l'espérance ? Pour Bernard Quelquejeu ce mouvement d'indignation révèle l'avènement d'une conscience qui dépasse l'individu et lui fait comprendre que tous les hommes ont en commun l'aspiration à la fraternité et le respect de leur dignité. La non-violence est alors conscience d'être un homme, d'être homme. Elle tire l'individu hors de la solitude et le fait accéder à cette terre commune où l'existence devient humaine.

 

Pourquoi la non-violence est-elle la seule voie possible. Comment s'y engager. - Entretien avec Jean-Marie Muller

La non-violence est le seul espoir de paix pour le monde. Non seulement la violence fait preuve de son inefficacité, mais elle est aussi perversion de la relation avec l'autre. Comment réagir ? Jean-Marie Muller nous invite à faire de la médiation la méthode privilégiée dans la résolution des conflits et à créer des espaces de dialogue afin que les parties en conflit trouvent elles-mêmes des solutions. Des moyens à la disposition de chaque personne, dans toutes les circonstances

 

Chemins de paix en Palestine et en Israël.- Lucette Bottinelli

Une nouvelle fois l'actualité nous rappelle l'impasse militaire et le blocage diplomatique au Proche-Orient et nous convainc que seule la justice peut établir durablement la paix. Par un travail de longue haleine, un combat non-violent mené déjà de longue date, des associations cherchent à sensibiliser les populations, particulièrement les éducateurs et les militaires, sur les violences contre les civils et le sort réservé aux Palestiniens.

 

La justice réparatrice, une pratique alternative pour une société moins violente ? - Anthony Favier

Comment faire face à la demande de nos contemporains de mieux écouter les victimes sans que cela attise le sentiment de vengeance qui nourrit immanquablement la violence ? Une possibilité : faire prendre conscience à un délinquant des répercussions de ses actes afin qu'il s'engage à les réparer dans la mesure du possible.

 

La communication non-violente. - Jean-Bernard Jolly

Si la communication est confrontation de jugements, la spirale de la violence est inévitable. Dans une démarche psychosociologique, l'auteur nous invite à réfléchir sur ce qui peut être fait pour améliorer le bien-être des personnes, condition nécessaire à une harmonie dans le rapport à soi et aux autres. La diffusion de cette pratique peut aboutir à une transformation des rapport sociaux.

 

L'éducation à la non-violence dans les écoles.- Georges Heichelbech

Dans la tradition républicaine française, le rôle de l'école est non seulement d'instruire mais aussi d'éduquer. En l'occurrence de développer différents types d'aptitudes, aussi bien l'estime de soi et le respect de l'autre que la solidarité et l'acceptation de la différence. Autant de qualités indispensables à instaurer une culture de paix et de tolérance.

 

De la violence originelle au pouvoir de pardonner-. Jean-Bernard Jolly

Que dit la Bible de la non-violence ? L'auteur nous introduit dans la réflexion de théologiens qui nous rappellent que la tradition des prophètes et de Jésus prend parti pour les victimes de l'injustice de la violence. Et que face au mal, l'inattendu, c'est le pouvoir de pardonner, et ce pouvoir réside en l'homme.

 

Et l'islam ? - Michel Roussel

L'islam est-il violent ? Caricatures et stéréotypes vont bon train. Les Occidentaux stigmatisent pêle-mêle les Frères musulmans, les djihadistes, les islamistes et les fondamentalistes. Cet article nous éclaire utilement sur le sens de mots issus du Coran et et qui sont couramment utilisés par les médias.

 

La non-violence a ses limites. - Georges Heichelbech

La non-violence absolue est une utopie. Elle n'existe en aucun lieu. La violence existe partout. Mais jamais elle n'atteint la fin qui prétend la justifier. L'efficacité de l'action non-violente est toujours conditionnelle et limitée. Mais le caractère relatif de son efficacité ne permet pas de relativiser l'exigence spirituelle de non-violence qui fonde et structure l'humanité de l'homme.

 

Jean-Paul Blatz

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Publié le 17 Août 2014

Conseil-de-lEurope

Le groupe de travail « Droits de l’Homme, co-développement, migrations »

La 3° réunion de ce groupe s’est  tenue lundi 23 juin de 16h à 17h30 au Conseil de l’Europe et a rassemblé une trentaine de personnes qui représentaient plus d’une vingtaine d’Organisations internationales non gouvernementales (OING).


1°  le groupe de travail est maintenant clairement inscrit sur le site du Conseil et reconnu par la conférence :

 http://www.coe.int/t/ngo/Articles/Working_group_HR_co_dev_migrations_fr.asp

Les liens en fin de présentation renvoient aux documents de références de l’ONU, de l’UE et du Conseil de l’Europe.

 

2° : une lettre de sensibilisation à nos objectifs va être diffusée en interne aux OING membres de la Conférence.

 Nous nous adressons en priorité aux organisations mobilisées par les droits de l’homme, la question des migrants et  celle du développement des pays et des peuples. Les OING, membres de notre groupe de travail vont nous communiquer les adresses des participants de leur propre réseau :  ils seront également les destinataires de cette lettre et de nos coordonnées.

 

3° préparation d’un « Side Event » le mardi 30 janvier 2015 de 13h à 14h au Conseil de l’Europe, lors de la 1° Assemblée Parlementaire du Conseil en 2015.

Ce forum limité à une heure est conçu pour exposer aux différents membres du Conseil, parlementaires, experts, administratifs, OING, les objectifs du Groupe de travail. Nous souhaitons donner une publicité particulière à la « Déclaration du Comité des Ministres sur les Principes directeurs des Nations Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’homme »

https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?Ref=Decl(16.04.2014)&Language=lanFrench&Ver=original&Site=CM&BackColorInternet=C3C3C3&BackColorIntranet=EDB021&BackColorLogged=F5D383

Nous souhaitons faire intervenir

  • un expert des institutions internationales sur la question des migrants ou des principes directeurs « Entreprises et Droits de l’Homme »,
  • un parlementaire connaisseur des sujets liés au développement,  
  • un migrant qui peut rendre compte d’un vécu de l’appauvrissement d’un pays en raison de  l’exploitation abusive des richesses  des pays d’origine,  
  • une des associations connues pour  leur mobilisation spécifique (OXFAM, CCFD, PWYP, Amnesty…),
  • une entreprise (ou organisation inter-entreprises) prête à témoigner  d’expériences positives ou encore peu abouties.

 

 

4° un petit groupe  entreprend  de rédiger une résolution

Lorsque la Conférence l’aura adoptée elle l’adressera aux 47 pays membres afin d’appuyer les OING  impliquées dans le co-développement, de veiller au respect des droits de l’Homme par les entreprises implantées dans les pays  concernés.

Un Powerpoint illustre l’ensemble de la démarche du groupe de travail, il est disponible  en français et en anglais auprès de Hugo CASTELLI EYRE, responsable du groupe de travail, sur simple demande. Hugo Castelli est également disponible pour des explications supplémentaires  ou un contact éventuel.

                                                               Fernand Jehl, membre du Réseau Européen Eglises et libertés

 


Membres de l’équipe du Réseau Européen Eglises et libertés,  participant à la Conférence des OING  au Conseil de l’Europe.

François BECKER  Les Réseaux du Parvis – Femmes et Hommes en Eglises, droits et libertés dans les Eglises  frbecker@orange.fr

Hugo CASTELLI EYRE  Redes Cristianas – Communauté de Base Saint Thomas d’Aquin à Madrid

hugocastelli@hotmail.es

Fernand JEHL Les Réseaux du Parvis – Groupe Jonas de Strasbourg  jehl-ring-aubure@wanadoo.fr

Robert SIMON  Les Réseaux du Parvis  - David et Jonathan    robert.simon@noos.fr

 

 

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Rédigé par jonasalsace

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Publié le 19 Juillet 2014

Lettre ouverte des groupes Jonas d’Alsace aux autorités diocésaines de Strasbourg :

Mgr Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg,

Mgr Christian Kratz, évêque auxiliaire

Mgr Vincent Dollmann, évêque auxiliaire

M. Patrick Wolff, directeur diocésain de l’enseignement catholique.

 

 

Nous apprenons avec consternation la création à Strasbourg d’une école privée hors contrat, le cours Herrade de Landsberg, avec « les encouragements des autorités diocésaines, en particulier de S.E. Mgr Vincent Dollmann, évêque auxiliaire chargé de l’enseignement », ainsi que le signale le site web de cette école[1].

 

Or de quoi s’agit-il ?

On pourrait déjà s’interroger sur le choix d’une méthode d’enseignement dite « structurée et simple », qui évoque  l’école d’autrefois, mais ce sont surtout les propos sur la formation religieuse et la vie spirituelle qui suscitent notre indignation. Dans un esprit « authentiquement catholique », le cours Herrade de Landsberg veut « développer la foi des enfants, leur sens du recueillement et du sacré ». Il est question de « doctrine », de « culture catholique », et aussi, évidemment, de « morale naturelle ». Mais pas une fois, dans ce projet pédagogique, ne se trouvent les mots Evangile ou même Jésus-Christ ! 

Le tout pour 180 € par mois.

Il y a en fait là, de toute évidence, une volonté de garder entre eux les enfants des familles catholiques aisées, qui auront les moyens financiers de payer cette scolarité. La « formation du cœur » et la « charité chrétienne » pourront donc s’exercer sans risque, dans un entre soi bien-pensant. Les enfants n’auront pas à rencontrer l’Autre, celui ou celle qui a un mode de vie différent, une religion différente, une éducation différente… et qui dérange.

 

Comment ces choix peuvent-ils  être cautionnés par les autorités diocésaines, alors que notre Pape François a écrit dans la Joie de l’Evangile :

« Sortons, sortons pour offrir à tous la vie de Jésus-Christ. Je répète ici pour toute l’Église ce que j’ai dit de nombreuses fois aux prêtres et laïcs de Buenos Aires : je préfère une Église accidentée, blessée et sale pour être sortie par les chemins, plutôt qu’une Église malade de la fermeture et du confort de s’accrocher à ses propres sécurités. »

En outre, encourager ce type d’école ultra-privée, n’est-ce pas aussi désavouer voire mépriser le travail de tous les enseignants chrétiens, celles et ceux qui travaillent dans les établissements publics, mais aussi dans l’enseignement privé sous contrat ?

On peut noter encore que le Mouvement Catholique des Familles, cité comme pourvoyeur possible de bourses pour l’inscription des enfants, fait partie de la mouvance de la Fraternité Sacerdotale St Pie X, résolument et volontairement en rupture avec l’Eglise.   

 

Nous demandons donc instamment  à nos évêques et au directeur diocésain de l’enseignement catholique non seulement de ne pas encourager la création du cours Herrade de Landsberg, mais même de mettre en garde les parents tentés d’y mettre leurs enfants.

Le communautarisme et le repli sur soi ne sont pas l’avenir de notre Eglise ; d’ailleurs de nombreuses initiatives et prises de parole des autorités religieuses en Alsace, de nombreux évènements fraternels de partage avec les plus démunis ou les plus différents nous réjouissent et nous rappellent que notre Eglise peut être « pauvre pour les pauvres », sur les chemins des femmes et des hommes d’aujourd’hui. C’est notre espérance, c’est notre engagement.

 

Pour les groupes Jonas d’Alsace :

Marie-Antoinette Dornier, présidente de la coordination Jonas Alsace, présidente du groupe Jonas de Mulhouse

Anne-Marie Martin, présidente du groupe Jonas de Colmar

Marie-Anne Jehl, présidente du groupe Jonas de Strasbourg

 

 

 

 

 

Cette lettre sera publiée prochainement sur le site web de Jonas Alsace.



[1] Les citations sont toutes extraites du site web du cours Herrade de Landsberg, sauf bien sûr l’extrait d’Evangelii Gaudium

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Rédigé par jonasalsace

Publié dans #@prises de parole

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