Publié le 23 Janvier 2018

Il y a des écoles pour apprendre à parler, à convaincre… Et si l’on apprenait à faire silence, à écouter, pour qu’une parole puisse surgir en l’autre et en nous-mêmes… et que nous l’entendions ?

Il y a quelques semaines, l’association strasbourgeoise  « SOS, Aide aux Habitants » où je fais de la médiation pénale ou de proximité depuis une vingtaine d’années avait organisé un stage de formation. L’animatrice de cette session était Jacqueline Morineau. Cette érudite aux multiples casquettes enseigne et pratique depuis 33 ans la « médiation humaniste ». Pour elle, tout conflit matériel cache une dimension profonde qu’il faut s’attacher à débusquer et à laisser s’exprimer. A la fin d’une médiation conflictuelle aboutie, ce n’est pas essentiellement le problème qui est réglé mais ce sont les personnes qui ont découvert les vraies demandes – la leur, celle de l’autre – et qui ont changé.

Ce que Jacqueline Morineau dit de la médiation humaniste ne peut-il pas s’appliquer à toutes nos rencontres : rencontres amicales, rencontres conflictuelles, rencontre de celui qui pour nous est étranger ? Pour cela, il est essentiel que dans nos rencontres, notre but premier, et tout au long de la rencontre, ne soit pas de placer ce que nous avons à dire mais d’écouter l’autre, d’être miroir. La formule : « je sens que… » concernant l’autre doit être suivie d’un long silence. Ce silence qui pendant nos jeux de rôles nous semblait si long ! Que de fois, lorsque celui qui avait le rôle de médiateur voulait intervenir, Jacqueline lui faisait signe, discrètement, « ne dit rien » … Oh silence, long silence qui laisse le temps à l’autre de descendre dans son labyrinthe pour y trouver peut-être une lumière, une issue… parfois jaillissent des larmes… silence qui nous permet à nous-mêmes de rejoindre notre intériorité…

Je pense ici à cette scène rapporté dans l’Evangile de Jean : Jésus sort du tribunal où il vient d’être condamné, il regarde Pierre qui par trois fois vient de le renier. Il ne dit rien… Pierre le renégat se met à pleurer ; il peut maintenant devenir lui-même : celui que Jésus appelait Pierre-roc !

Heureux, je crois, ceux qui dans les rencontres savent offrir à l’autre leur silence, un silence plein de respect, d’empathie, de sympathie… Ils sauvent l’humain en l’homme.

 

Jean-Marie Bedez

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Rédigé par jonasalsace

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Publié le 21 Janvier 2018

Le groupe Jonas de Strasbourg, lors de sa réunion du 21 novembre dernier, a décidé de proposer sur ce site un « feuilleton Jonas ».

Au fil des semaines, l’un ou l’autre de ses membres écrira un épisode de cette série : des évènements, des réflexions, des lectures, des rencontres, etc. Chaque épisode sera relié à l’un des quatre mots, quatre valeurs fortes et fondamentales pour notre vie de chrétiens aujourd’hui : proximité, témoignage, dialogue, solidarité.

Evidemment, il sera possible à chacune et chacun de réagir à ces textes en laissant un commentaire.

Nous espérons ainsi mieux faire connaitre le vécu des nombreux chrétiens qui dessinent des visages d’Eglise autres que celui que nous renvoient trop souvent les institutions catholiques et les instances du Vatican.

Membres de la Fédération des Réseaux du Parvis, nous sommes convaincus que l’appel du Pape François à aller aux « périphéries » est un défi majeur pour que l’Evangile soit vécu au cœur du monde d’aujourd’hui. Alors, venez et voyez !

 

A bientôt.

 

 

 

 

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Rédigé par jonasalsace

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Publié le 12 Janvier 2018

Tous les ans, et ce depuis le Moyen Âge, au mois de septembre, a lieu un pèlerinage des ménétriers au sanctuaire de Notre-Dame des Dusenbach, sur les hauteurs de Ribeauvillé. Y participent les personnes, jeunes et moins jeunes, qui prennent en charge une fête médiévale annuelle qui a lieu dans la ville. Arrivés devant la chapelle, les plus âgés y pénètrent pour une célébration eucharistique. Tandis que les jeunes partagent une bouteille de vin sur le parvis. Un jeune adulte explique : "Je laisse les grands parents pour l'esprit religieux. Je suis là pour passer un bon moment avec des gens que j'aime". A l'issue de la messe, un des capucins qui desservent le pèlerinage se veut optimiste : " Le touriste d'un jour est le pèlerin de demain". Est-ce si sûr ?

 

Autre séquence de l'Eglise en Alsace. L'évêque de Strasbourg est en visite pastorale dans la vallée de la Thur. Il y rencontre un groupe de jeunes. Il est heureux de leur parler et leur rappelle que l'avenir de l'Eglise passe par eux. Puis il évoque le "pélé jeunes" [pèlerinage diocésain des jeunes à Lourdes]. Silence dans le groupe qui ne sait pas de quoi il s'agit. L'évêque réagit : "Vous avez le droit de ne pas savoir" puis leur explique ce qu'est un pèlerinage (1).

 

Laissons-nous interpeler par ces jeunes. Sommes-nous réellement incapables de comprendre leurs désirs et les besoins dans un monde en perpétuel changement ? Sommes-nous conscients de l'image très négative de l'Eglise que nous leur donnons ? Pourquoi ne pouvons-nous pas témoigner de la vérité et de la radicalité de l'Evangile plutôt que de leurs asséner des références à une certaine Tradition ? Pourquoi toute velléité de réforme de l'Eglise par des jeunes se heurte-elle à un total immobilisme ?

 

Essayons de comprendre comment on est arrivé à ce paradoxe effrayant : des jeunes préfèrent rester avec les gens qu'ils aiment plutôt que d'aller à la messe...

 

J.P.B.

 

(1) Ces deux scènes figurent dans Paraboles, un  magazine chrétien diffusé par le diocèse de Strasbourg.

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Rédigé par jonasalsace

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